Sur une bonne idée de Camille se lance, le week-end dernier je suis allée visiter le centre de tri de ma ville, à Nanterre. J’étais vraiment surexcitée à cette idée. D’une part parce que j’allais enfin savoir, à la source, ce que devenaient mes déchets et comment les trier,
d’autre part parce que j’adoooooore visiter des usines. Je suis absolument fascinée par les procédés industriels, cette manière dont tout est automatisé, pensé, optimisé, je trouve ça fou. Et comme je suis une petite veinarde, j’ai la chance de faire de temps en temps des vidéos comme ça pour mon boulot (processus de création d’un disjoncteur moyenne tension – chacun ses passions hein !).
Je vous invite à lire le compte-rendu de la visite des lieux, pour découvrir le fabuleux destin de nos ordures. Je vous donne également les chiffres clés et toutes les astuces pour être sûr de bien trier chez vous.
Petit tour du propriétaire
Nous nous trouvons ici dans les locaux de la Syctom, l’agent public qui s’occupe des déchets ménagers en Île de France. Le prestataire chargé de l’exploitation du centre de tri de Nanterre est actuellement Veolia Propreté.
Notre tour démarre par un ÉNORME tas de déchets, qui correspond à seulement deux jours de collecte et dont les très gros cartons ont déjà été retirés manuellement. Un tractopelle déplace alors laborieusement les déchets vers des tapis roulants.
À partir de là, commence le tri à proprement parler. Des opérateurs séparent les grands cartons et jettent ce qui n’est pas recyclable. Parmi ces objets condamnés, nous avons par exemple vu passer : pleins de plastiques type emballage de pack de bouteille, une plante en terre ayant encore la forme du pot, ou une chaussure. À ce moment-là, existe encore la possibilité de récupérer des objets en verres (non brisés) et les petits appareils domestiques tels que fer à repasser ou clavier d’ordinateur (attention, tous les centres ne le font pas).
Notre guide nous a sensibilisé à l’incivisme lié aux seringues, alors qu’environ 1200 d’entre elles se glissent tous les ans sur ces tapis, avec risque pour le personnel de se faire piquer. Cela arrive parfois malgré les gants en céramique qu’ils portent. Alors rappelons-le, celles-ci n’ont rien à faire dans les poubelles jaunes.
Le trajet continu, avec un passage par des sortes de roue crantés, qui détermineront deux destins : les objets creux (bouteilles, briques alimentaires…) prendront une nouvelle direction, tandis que les objets plats (beaucoup de papiers, journaux, qui constituent environ 50% de la collecte) passeront entre les mailles. Ces derniers rencontreront de nouveaux opérateurs sur leur chemin, qui sépareront les différents types de papiers/cartons. De l’autre côté, la nature des objets creux sera également précisée, avec une reconnaissance optique qui distinguera les bouteilles colorées (comme celles de Perrier) de celles en plastique transparent (type Vittel). Enfin, deux aimants successifs viendront trier l’aluminium, puis l’acier. C’est une des autres spécificités de ce centre, qui a la capacité de récupérer des petits métaux tels que les boulettes d’aluminium.
Et ensuite ça devient quoi ?
Une fois que chaque objet a retrouvé ses compagnons, il est temps de physiquement “rapprocher” tout ce monde (c’est beau les réunions de famille) : ceux-ci seront compressés pour former des “balles”.
Ce sont de gros cubes, pesant entre 500 kg et plus d’une tonne chacun, prêts à partir dans leurs centres de revalorisation respectifs :
- Les journaux et les magazines : transportés par bateau, grâce à la proximité de la Seine, ils iront en papeterie pour refaire du papier (100 % recyclés ou pouvant être mélangés à des matières pures).
- Les très gros cartons, dont la qualité est considérée comme moindre deviendront du papier toilette
- Les différents métaux iront chez ArcelorMittal pour être fondus
- Les plastiques partent vers diverses destinations (qui ne nous ont pas été précisées)
- Les refus et perte iront rejoindre les déchets non recyclables. Sur cet ensemble, auquel s’ajoute le produit de nos poubelles vertes, 44% sera “revalorisé”, c’est-à-dire incinéré pour créer de l’énergie ou bien transformé en gaz. Les 36 % restant, finiront leur vie en déchetterie.
Pourquoi le recyclage n’est qu’une solution de fortune
En France, la quantité moyenne de déchet est de 354 kg par an et par habitant. Oui c’est ce que chacun de nous produit à lui tout seul. Et cela compte bien seulement la création issue des ménages.
Parmi tous ces déchets, seulement 30 % sont recyclables (ce qui est différent de bel et bien recyclés, car alors on parlerait plutôt de 20 %). Comme précisé dans le paragraphe ci-dessus, une large part de nos détritus va encore en déchetterie.
Rien que pour la population de Nanterre, on parle de 2 000 tonnes de déchets récoltés dans les poubelles jaunes chaque année, soit 33 kg par personne. Pour les arrondissements Parisiens du 7e, 15ee et 16e il s’agit de 13 000 tonnes cumulées.
Sur cette masse qui arrive en centre de tri, il faut encore soustraire 20 % de déchets qui ne pourront pas être revalorisés : papiers trop petits (moins de 5 cm), erreur de tri, produits souillés…
Et l’on peut supposer qu’il y aura encore une partie de perte dans les étapes suivantes de la revalorisation.
Ajoutons à cela toute l’énergie dépensée pour faire fonctionner le centre de tri, le pétrole utilisé pour la collecte puis l’envoi pour recyclage, l’eau usée pour fabriquer de nouveaux objets, les matériaux utilisés pour construire les machines, etc.
Le guide nous a expliqué que notre production de détritus avait connu deux pics : une à la fin des années 80, puis une au début des années 2000. Le premier centre de tri est quant à lui apparu en 1995. Sur ces dernières années, on constate que les chiffres stagnent, aussi bien au niveau des déchets produits que de notre capacité à les recycler.
La meilleure chose à faire reste donc l’action en amont, c’est-à-dire LIMITER AU MAXIMUM la quantité de déchets que nous produisons.
Sources des chiffres : rapport gouvernemental du développement durable, rapport d’information public de Veolia Propreté, rapports du CNIID (centre national d’information indépendante sur les déchets)
Comment on fait pour bien trier, concrètement ?
La première chose à faire est de vous renseigner auprès de votre collectivité, car les centres de tris ont chacun des capacités différentes. Nous avons vu plus haut que celui de Nanterre récoltait les petits appareils domestiques, alors qu’ailleurs ils iront aux rebuts (mieux vaut les rapporter en magasins, type Darty, ils ont pour obligation de les reprendre). Lors de notre visite, nous avons également appris que pour toute l’île de France, seuls deux centres situés en Seine-Saint-Denis étaient équipés pour trier les pots en plastique type yaourt, boite de margarine ou de fromage blanc. Partout ailleurs ils passent directement en rebuts.
Cette photo est un bon mémo de ce qu’il faut bel et bien mettre en poubelle jaune (au moins pour l’ouest parisien) !
Voici un document, que j’ai trouvé sur le site de la Syctom, qui donne une idée de quoi faire de chaque produit : cliquer ici pour ouvrir l’abécédaire des déchets.
Il s’agit des règles générales, renseignez-vous bien sur votre situation au niveau local. Pensez à surveiller de temps à autre, car il est possible que vos usines s’équipent et que la situation évolue.
Si vous en avez la possibilité, je vous invite également à visiter votre propre centre de tri, cela reste la meilleure source d’information (et c’est super cool) ! Pour ma part, j’espère avoir un jour l’occasion de découvrir la “suite” de l’histoire, en allant par exemple visiter par exemple l’une des papeteries qui recycle le papier ou bien une centrale de biomasse. Si vous avez des bons plans je suis preneuse !
Et vous, comment se passe le tri à la maison ? Avez-vous eu des surprises en lisant cet article ? Faites moi part de vos réactions dans les commentaires !
La chance ! ll y a régulièrement des visites de centres de tri organisées par une association à Lyon malheureusement c’est incompatible avec mes horaires de travail :/ C’est une sacrée prise de conscience en tout cas.
Oui, c’est vraiment très bien tombé. Nous c’était organisé en week-end, donc on ne travaillait pas, mais tu es peut-être en horaires décalés ? Je te souhaite d’avoir un jour cette opportunité, car effectivement cela permet de se rendre compte de plein de trucs.
[…] savoir comment bien répartir vos déchets, n’hésitez pas à consulter l’article sur la visite d’un centre de tri. J’ai appris beaucoup de chosex à cette […]
Le gilet du visiteur ne peut pas être “très saillant” (= qui dépasse) mais plutôt très seyant (= qui sied, qui convient joliment).
Il faut aussi trier entre les homonymes.
ah bonne remarque, merci ^^ Et oui le tri est partout 😀
Je ne savais même pas qu’il s’agissait d’homonyme, j’aurais appris quelques chose.
Je corrige tout de suite !
[…] ainsi de 1000 à 2400 feuilles par minute. C’est fou ! Ouais, je vois avez prévenu que j’étais fascinée par les processus industriels […]
[…] Ce qui est encore plus fou, c’est que TOUTES ces brosses à dents se trouvent sûrement encore quelque part sur terre actuellement, dans une déchetterie en France, un tas d’ordure en Inde ou flottant au bord d’une plage Australienne. Produits laissés à l’abandon après quelques mois d’utilisation, ils existent pourtant toujours, car ne sont ni recyclables, ni biodégradables (pour vérifier j’ai même été visiter un centre de tri). […]
[…] (même si encore une fois la meilleure solution reste la réduction des déchets dès le départ : voir l’article sur la visite d’un centre de tri). Une étude menée par Tellus Institute, démontre les effets bénéfiques du recyclage (exemple […]